Sous la direction de : Geneviève Chevalier (Université du Québec en Outaouais — UQO) et Mélanie Boucher (UQO)
Raid the Icebox 1, with Andy Warhol à la fin des années soixante au Rhode Island School of Design à Providence, aux États-Unis, représente un cas exemplaire — et relativement isolé pour l’époque — de carte blanche à un artiste dans une collection muséale. C’est à la fin des années 1980, et plus encore dans les années 1990 et 2000, que les musées vont adopter cette formule de façon systématique pour redynamiser la présentation de leurs collections. Que ce soit à des artistes, à des commissaires, à des cinéastes, à des philosophes ou à des spécialistes provenant de différents horizons, les musées ouvrent leurs collections à d’autres regards. Qu’en est-il de cette invitation qui prétend donner les pleins pouvoirs à des artistes et à des invités extérieurs? Ce type de projet se distinguerait notamment de la commande par la grande liberté qu’il prétend accorder. Mais l’intérêt premier de ce modèle viendrait du fait qu’il permet au musée de « faire évènement » à partir de ses collections. La carte blanche génère une attractivité, grâce à une présentation inédite, de courte durée, personnifiée par un artiste ou une figure de marque. Cette stratégie évènementielle qui vise à mettre en valeur les collections pourrait témoigner d’un certain essoufflement des musées en même temps qu’elle suppose un intérêt partagé entre l’institution, l’artiste ou l’invité. Alors que le musée souhaite voir le sens de ses collections réactivé, l’artiste envisage la collection comme un site à explorer, comme matière première d’une nouvelle réflexion, d’une œuvre originale. Ces nouvelles postures de l’artiste en muséologue et du commissaire en metteur en scène ou en archiviste se traduisent par des résultats pouvant être de nature critique, poétique ou conceptuelle.
Ce type d’usage évènementiel est de plus en plus répandu au point où certains musées qui avaient mis en place des programmes novateurs de carte blanche les abandonnent. C’est comme si la multiplication de ces initiatives muséales pouvait contribuer à la banalisation de la carte blanche et de son impact. Il devient donc essentiel d’interroger cette stratégie muséale quant à l’impératif évènementiel qui semble avoir gagné les collections en partie par le biais de la carte blanche. En ce sens, cette édition spéciale de Muséologies cherche à répondre aux questions suivantes :
- Quels sont les facteurs qui motivent les musées à ouvrir leurs réserves à des artistes, à des commissaires, à des philosophes, à des cinéastes ou à des spécialistes d’autres horizons?
- Quelles sont les conditions qui favorisent la carte blanche au musée? Ces invitations sont-elles de véritables cartes blanches?
- Quel est l’impact de la carte blanche sur les pratiques muséales et les collections?
- De plus en plus systématisée, la carte blanche a-t-elle toujours le potentiel de générer des propositions originales, voire inédites, ou est-elle devenue une formule parmi d’autres?
- Quels sont les principaux types de cartes blanches à avoir été mis en place jusqu’ici? Quels sont les projets marquants à avoir été présentés, leurs points communs, leurs caractères distinctifs?
- Quels sont les apports de cette stratégie à l’univers muséal, autre que l’achalandage et la couverture médiatique? Et quelle est l’importance du musée et de ses collections dans le travail et la production de l’artiste-muséologue, du commissaire ou de tout autre spécialiste?
Pour ce numéro spécial, nous sollicitons des contributions qui examinent les aspects suivants :
- Le développement de la stratégie muséale de la carte blanche et sa pertinence du point de vue des pratiques institutionnelles, commissariales et
- Le rôle de l’impératif évènementiel dans le développement de cette stratégie muséale.
- La contribution des artistes et des autres spécialistes à l’actualisation du discours institutionnel sur les
- L’histoire de la carte blanche et l’analyse de cas
- Les différents types de cartes blanches, par exemple, la résidence d’artiste, la conception d’une nouvelle exposition de la collection, l’insertion d’une ou de plusieurs œuvres dans les salles dédiées aux collections, la création d’une œuvre inédite en dialogue avec la collection ou à partir d’une œuvre spécifique.
- La dynamique qui s’installe lorsqu’une carte blanche est mise en chantier au musée.
- Les nouveaux usages de la collection qui en résulte.
- L’influence ou l’impact de la carte blanche sur les pratiques muséales.
Date de soumission des propositions : le 15 mai 2016
Annonce des résultats de la communication : le 15 juin 2016
Soumission des textes complets aux fins d’évaluation : le 15 décembre 2016
Publication des textes sélectionnés par le comité de rédaction : automne 2017
Muséologies, les cahiers d’études supérieures est une revue dont les articles sont évalués par un comité scientifique. Elle a pour mandat de diffuser et promouvoir la recherche interdisciplinaire (arts, sciences sociales et humaines) axée sur la pluralité des fonctions et des enjeux de l’environnement muséal contemporain.
Modalités de soumission : veuillez nous faire parvenir par voie électronique, un résumé de 600 mots en format «.doc» (document Word), à double interligne. N’oubliez pas d’y inscrire votre nom, vos coordonnées complètes, votre université d’attache ou le musée ou l’organisme pour lequel vous œuvrez.
Veuillez indiquer comme objet du courriel : « Proposition pour Muséologies vol. 9 n° 2».
Les propositions devront être transmises avant le 15 mai 2016 à l’adresse suivante :
genevieve.chevalier@uqo.ca
Évaluation: L’éditeur et le comité de rédaction analyseront votre proposition et vous feront part de leur décision. Les articles seront sélectionnés en fonction de leur contribution aux champs de la muséologie, des pratiques curatoriales, de l’histoire et la théorie de l’art, de la théorie architecturale et urbaine, ou de l’éducation artistique et culturelle. La clarté de la communication, la pertinence de la recherche, la méthodologie et la relation avec les thèmes font aussi partie des critères d’évaluation.
Les auteurs dont les propositions seront retenues auront à rédiger un article de 7000 mots tout au plus (notes bibliographiques incluses) en français ou en anglais. Veuillez noter que tous les articles subiront une double évaluation à l’aveugle.
Date de parution prévue: automne 2017