Appel à articles pour la revue Muséologies. Les cahiers d’études supérieures vol. 10 n° 2
“La participation inclusive des publics, au musée et au-delà”
Numéro co-dirigé par Rébéca Lemay-Perreault (Université du Québec à Montréal / Université du Québec à Trois-Rivières) & Muriel Molinier (Université Paul Sabatier, Toulouse 3)
Depuis quelques années, les musées repoussent les limites de l’interactivité. Ils engagent leurs publics vers des modalités de participation toujours plus riches, diversifiant leurs espaces d’intervention, dans ou hors les murs, en présentiel ou en virtuel.
Les publics sont variés, tout comme leurs rôles. Visiteurs, collaborateurs, cocréateurs, etc. Ils sont néophytes ou amateurs éclairés, seuls ou en groupe, avec ou sans intérêt pour le projet culturel présenté. Les musées ont saisi l’importance de s’engager dans un échange, métamorphosant les rôles traditionnels des publics consommateurs passifs en acteurs de l’institution.
L’interactivité augmente la durée de visite d’une exposition (Henning, 2006). Elle est un indicateur important du succès de celle-ci. Avec le succès viennent les précieuses sources de financement, subventions publiques et commanditaires privés. Du côté des publics aussi, habitués aux multiples interventions anonymes et personnelles dans les médias sociaux, se créent de nouvelles attentes quant à une expérience de visite muséale plus dynamique (Crenn et Vidal, 2010). De l’autre, les théoriciens de l’éducation muséale et de la médiation culturelle jonglent depuis plusieurs années avec ce leitmotiv connu issus des sciences de l’éducation : un apprentissage durable implique un apprenant actif (Hein, 1998). Parallèlement, les tenants de la nouvelle muséologie défendent depuis longtemps la participation, perçue d’une part comme un moyen d’assurer la liberté et l’égalité dans la co-construction du devenir culturel collectif représentatif des diversités, d’autre part comme un vecteur de développement des habitants et de leur territoire (Varine, 1969; Delarge, 2018; Girault et Orellana Rivera, 2020). Toutes les planètes du système muséal – politique, économique, technologique, théorique, sociale, morale et démocratique – s’alignent pour encourager la participation des publics. Le musée semble plus près que jamais de cet idéal formulé par le muséologue Duncan Cameron (1971) : le musée-temple est maintenant autant forum que laboratoire.
Mais, l’est-il vraiment? Ou plutôt, est-ce que ces modalités de participation cachent de nouvelles modalités de manipulation, de conditionnement, d’exclusion ou de domination des publics? Observons-nous des mécanismes plus sophistiqués de contrôle des contenus qui délimitent et hiérarchisent les registres des discours muséaux? Le travail social au musée (Silverman, 2010) par l’accueil de groupes minorisés au sein de programmations exclusives offre-t-il une réelle portée inclusive si les groupes restent à part, entre eux? Où se situe la frontière entre la participation inclusive et l’inclusion participative? Enfin, comment éviter les écueils relatifs à la participation des publics qui relèvent de la nature même des dispositifs muséaux, dans et hors les murs?
Cet appel à contribution s’inscrit dans les récents débats internationaux consacrés aux enjeux de la participation et de l’inclusion en cours et avalisés par l’ICOM. Nombreux chercheurs et professionnels du champ muséal ont fait de la participation des publics un axe majeur du développement des savoirs qu’ils sondent de façon critique en interrogeant les principes de liberté, d’autonomisation et d’inclusion.
Cette édition spéciale de Muséologies vise ainsi à réunir des contributions faisant état de postures théoriques et de pratiques novatrices s’inscrivant dans l’actualisation et l’élargissement de cet axe de recherche.
Références :
Cameron, D. (1971). « Le musée : un temple ou un forum? » Dans A. Desvallées (dir.). (1992), Vagues : une anthologie de la nouvelle muséologie, 1 (pp. 77-85). Mâcon: W.
Crenn, G. et Vidal, G. (2010). « Les musées et le Web 2.0. Approches méthodologiques pour l’analyse des usages ». Dans F. Millerand, S. Proulx et R. Julien (dirs.). Web social. Mutation de la communication (pp. 145-158). Québec: Presses de l’Université du Québec.
Delarge, A. (dir.). (2018). Le musée participatif. L’ambition des écomusées. Paris: La Documentation Française.
Girault, Y. et Orellana Rivera, I. (dirs.). (2020). Actas Coloquio International Museología Participativa, Social y Crítica. Santiago du Chili: Museo de la Educación Gabriela Mistral. https://www.museodelaeducacion.gob.cl/648/articles-98247_archivo_01.pdf
Hein, G. E. (1998). Learning in Museum. Londres/New York: Routledge.
Henning, M. (2006). New Media. Dans S. Macdonald (dir.), A Companion to Museum Studies (pp. 302-318). Malden: Blackwell Publications.
Santerre, L. (1999). De la démocratisation de la culture à la démocratie culturelle. Québec: ministère de la Culture et des Communications, Direction de l’action stratégique, de la recherche et de la statistique.
Silverman, L. H. (2010). The Social Work of Museums. New York: Routledge.
Varine, H. de (1969). « Le musée au service de l’homme et du développement ». Dans A. Desvalées (dir.). (1992), Vagues: une anthologie de la nouvelle muséologie, 1 (pp. 49-68). Mâcon: W.
Modalités de soumission :
Merci de nous faire parvenir par voie électronique, un résumé de 600 mots en format «.doc» (document Word double interligne), vos coordonnées, une courte notice biographique (150 mots tout au plus) indiquant votre université d’attache ou l’organisme pour lequel vous œuvrez.
Veuillez indiquer comme objet du courriel : « Proposition pour Muséologies ».
Les propositions devront être transmises avant le 30 avril 2022 à l’adresse suivante : museologies.communication@gmail.com
Évaluation : Le comité de rédaction analysera votre proposition et vous fera part de leur décision. Les articles seront sélectionnés en fonction de leur contribution aux champs de la muséologie, des pratiques curatoriales, de l’histoire et la théorie de l’art, de l’histoire, de la théorie architecturale et urbaine ou de l’éducation artistique et culturelle. Les articles sont évalués relativement à la pertinence de la recherche et de la mise en relation avec le thème, la méthodologie et la clarté d’expression.
Les auteurs dont les propositions seront retenues auront à rédiger un article d’environ 7000 mots (notes bibliographiques incluses) en français ou en anglais. Veuillez noter que tous les articles seront soumis à une double évaluation à l’aveugle.
Calendrier de publication :
- Remise des propositions : 30 avril 2022
- Réponse aux auteurs : 7 mai 2022
- Soumission des articles pour fins d’évaluation scientifique : 15 août 2022
- Publication : décembre 2022
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